Le temple de Changuy
Posé là, au bord de la route près de Capesterre, le temple de Changuy semble tout droit sorti des Indes.
La communauté indienne de guadeloupe est importante.
A l'abolition de l'esclavage, en 1848, l'industrie de la canne est frappée de plein fouet par le départ massif des travailleurs, d'où la nécessité de recourir à l'émigration. Les coolies débarquent sur l'île à partir de 1854.
(voilà un article très interessant sur le sujet, http://guadeloupe.rfo.fr/article71.html)
Balade de repérage aujourd'hui avec Virginie, alors en passant, et puisqu'elle est toujours aussi belle :
Sa majesté la Soufrière
et sa cour des miracles, spectacle malheureusement habituel...
Dimensions
Graines ...
Glanées au hasard des promenades. Mais les vrais pros sont ici : http://perso.orange.fr/grainecreation/
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever Avant d'avoir connu
Avant d'avoir usé Les chiens noirs du Mexique
Sa bouche avec ma bouche Qui dorment sans rêver
Son corps avec mes mains Les singes à cul nu
Le reste avec mes yeux Dévoreurs de tropiques
J'en dis pas plus faut bien Les araignées d'argent
Rester révérencieux Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas mourir Je voudrais pas crever
Sans qu'on ait inventé Sans savoir si la lune
Les roses éternelles Sous son faux air de thune
La journée de deux heures A un coté pointu
La mer à la montagne Si le soleil est froid
La montagne à la mer Si les quatre saisons
La fin de la douleur Ne sont vraiment que quatre
Les journaux en couleur Sans avoir essayé
Tous les enfants contents De porter une robe
Et tant de trucs encore Sur les grands boulevards
Qui dorment dans les crânes Sans avoir regardé
Des géniaux ingénieurs Dans un regard d'égout
Des jardiniers joviaux Sans avoir mis mon zob
Des soucieux socialistes Dans des coinstots bizarres
Des urbains urbanistes Je voudrais pas finir
Et des pensifs penseurs Sans connaître la lèpre
Tant de choses à voir Ou les sept maladies
A voir et à z-entendre Qu'on attrape là-bas
Tant de temps à attendre Le bon ni le mauvais
A chercher dans le noir Ne me feraient de peine
Et moi je vois la fin Si si si je savais
Qui grouille et qui s'amène Que j'en aurai l'étrenne
Avec sa gueule moche Et il y a z aussi
Et qui m'ouvre ses bras Tout ce que je connais
De grenouille bancroche Tout ce que j'apprécie
Je voudrais pas crever Que je sais qui me plaît
Non monsieur non madame Le fond vert de la mer
Avant d'avoir tâté Où valsent les brins d'algues
Le goût qui me tourmente Sur le sable ondulé
Le goût qu'est le plus fort L'herbe grillée de juin
Je voudrais pas crever La terre qui craquelle
Avant d'avoir goûté L'odeur des conifères
La saveur de la mort... Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Boris Vian
Nos automnes...
le héron et le papillon
Le bateau ivre
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons
Arthur RIMBAUD
Calligraphie
Littéralement "belle ecriture", c'est un de mes passe-temps. Chancellerie, onciale, gothique... plus l'informatique rend l'ecriture et la mise en page facile, plus j'apprécie le luxe et le bonheur de cette activité manuelle qui demande du temps, qui est par essence impartaite mais unique.
Allez, pour le plaisir une magnifique calligraphie Arabe :
Qui peut conter l'histoire des coeurs qui saignent ?
Hafiz (1320-1389)
Profitez en pour passer par le site de l'artiste :
http://perso.orange.fr/hassan.massoudy/