Pandore et Prométhée (2)
PROMÉTHÉE
Pandore, il est un moment qui accomplit tout ce que nous avons désiré, rêvé, espéré, redouté… C’est la mort !
PANDORE
La mort ?
PROMÉTHÉE
Lorsque, tout ébranlée dans la dernière profondeur de ton être, tu sens tout ce que la joie et la douleur t’ont jamais fait éprouver, ton cœur se gonfle dans l’orage, il veut se soulager par les larmes, et il accroît son ardeur, et en toi tout résonne, tout tremble et frémit et tous tes sens défaillissent ; et il te semble défaillir toi-même et tu succombes ; et autour de toi tout se plonge dans la nuit, et toi, dans le sentiment toujours plus vif de toi-même, tu embrasses un monde et tu meurs.
PANDORE, se jetant au cou de Prométhée.
Ô mon père, mourons !
PROMÉTHÉE
Pas encore.
PANDORE
Et après la mort ?
PROMÉTHÉE
Quand toutes choses… le désir et la joie et la douleur… se sont abîmées dans une orageuse jouissance, puis se sont apaisées et endormies dans la volupté… alors tu renais à la vie, tu renais avec toute la fraîcheur de la jeunesse, pour craindre, pour espérer, pour désirer encore.
GOETHE