Le soleil brûle à Saül...
Un nouvel épisode de nos deux héros, Teeyoo and Virge (prononcez Veurdge, un peu comme verge mais avec eu à la place de è)...
...fuyant la démoniaque Cez qui nous avait retrouvé, nous sautâmes dans le premier avion décollant de Cayenne Rochambeau. Saül, pourquoi pas ? Après tout, ce nom sonnait un peu comme "salut", notre salut...
Le vieux coucou ne comportait que 20 places, mais c'était bien assez pour nous deux ; il possédait en outre 2 moteurs à hélice, un de chaque coté de la carlingue, ce qui me rassura...
Nous fûmes rejoints par 4 gendarmes, armés jusqu'aux dents, et jouant avec leurs flingues comme des gosses. C'est d'ailleurs ce qu'il étaient, des gosses, qui tentaient probablement d'oublier un peu une impossible et dangereuse mission à remplir dans ce trou du cul de la jungle...
Les deux pilotes psalmodiaient la litanie des vérifications d'usage avant le décollage :
- Température ?
- Ok
- Pression d'huile ?
- Ok
- Alimentation ?
- Ok, 2 Mars et des Malteser
- Bières ?
- 4 au frais, 2 en attente
- Bigre, ça va être sacrément juste hein ?
- Ouaip, mais plus le temps, on tente le coup !
Les hélices vombrissaient, l'avion se mit à trembler alors qu'il négociait le dernier virage avant la piste, comme s'il frémissait d'impatience. Puis le pilote mis les gaz, nous volions déjà, droit vers notre destin.
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La forêt s'étendait à perte de vue, de rares fleuves rougis par la latérite des sites d'orpaillages clandestins la traversant comme autant de cicatrices infectées.
Les yeux mi-clos, j'observais Virge.
Comme elle était belle... Les années glissaient sur elle comme la pluie sur mes ray-ban un soir de pleine lune sans bourbon.
Je me sentais un peu coupable de l'entrainer dans une telle aventure, mais elle en connaissait les risques et les assumait en épouse tendre, soumise et dévouée qu'elle devenait jour après jour dans son obsession de m'être agréable.
L'avion fit soudain une embardée. Entre deux hoquets, l'un des pilotes venait d'apercevoir notre destination et plongeait brutalement vers la petite piste en latérite...
La forêt montait vers nous à une vitesse incroyable. Les quatres gendarmes avaient entonnés "plus près de toi, mon Dieu" en canon tandis que j'apercevais l'un des pilotes faire le signe de croix en fermant les yeux.
Puis les choses se précipitèrent. L'un des pilotes ayant retiré une canette qui bloquait le palonnier, l'avion se redressa enfin et heurta brutalement la piste de terre.
Il me fallait agir vite. Je cachais discrètement les trois sacs en papier où la totalité de mes précédents repas avait echouée et tentait de retrouver ce visage fier et impénétrable qui me caractérise et que maman aime tant...
Il faisait chaud, très chaud,
Le soleil brûle, à Saül !!!!!!