Le bourdon
...Plus gai que les posts précédents malgré le titre !...
Un beau bourdon, complètement ivre de pollen ; il s'y roulait, s'y frottait, et il me semblait presque l'entendre gémir de plaisir !
Et à propos de bourdon, un petit extrait de l'un des spleens de Beaudelaire :
...Le bourdon se lamente, et la bûche enfumée
Accompagne en fausset la pendule enrhumée
Cependant qu'en un jeu plein de sales parfums,
Héritage fatal d'une vieille hydropique,
Le beau valet de coeur et la dame de pique
Causent sinistrement de leurs amours défunts.
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire
Pandore et Prométhée (1)
PANDORE
Oh ! ma pauvre Mira !…
PROMÉTHÉE
Que lui est-il arrivé ?…
PANDORE
Sentiments inexprimables !… Je l’ai vue aller au bocage, où si souvent nous cueillons des fleurs pour nos couronnes. Je la suivais, hélas ! et, comme je descendais de la colline, je l’ai vue, dans la vallée, étendue sur le gazon. Heureusement, Arbar s’est trouvé dans le bois. Il l’a tenue ferme dans ses bras ; il ne voulait pas la laisser tomber, hélas ! et il est tombé avec elle. Sa belle tête s’est renversée ; il l’a baisée mille fois et s’est attaché à ses lèvres, pour lui souffler son haleine. J’étais alarmée, je suis accourue et j’ai crié. Mes cris ont ranimé ses sens. Arbar l’a quittée ; elle s’est levée soudain, hélas ! et, avec des yeux presque éteints, elle s’est jetée à mon cou. Son cœur battait, comme prêt à se briser ; ses joues brûlaient, sa bouche était de feu ; elle fondait en larmes. J’ai senti de nouveau ses genoux chanceler, et je l’ai soutenue, mon cher père, et ses baisers, son ardeur, ont répandu dans mes veines un sentiment si nouveau, si inconnu, que, troublée, émue, éplorée, j’ai quitté enfin Mira et le bois et la campagne… Je viens à toi, mon père ! Dis-moi ce que c’est qui l’a troublée et moi avec elle ?
PROMÉTHÉE
La mort !...
GOETHE
Pandore et Prométhée (2)
PROMÉTHÉE
Pandore, il est un moment qui accomplit tout ce que nous avons désiré, rêvé, espéré, redouté… C’est la mort !
PANDORE
La mort ?
PROMÉTHÉE
Lorsque, tout ébranlée dans la dernière profondeur de ton être, tu sens tout ce que la joie et la douleur t’ont jamais fait éprouver, ton cœur se gonfle dans l’orage, il veut se soulager par les larmes, et il accroît son ardeur, et en toi tout résonne, tout tremble et frémit et tous tes sens défaillissent ; et il te semble défaillir toi-même et tu succombes ; et autour de toi tout se plonge dans la nuit, et toi, dans le sentiment toujours plus vif de toi-même, tu embrasses un monde et tu meurs.
PANDORE, se jetant au cou de Prométhée.
Ô mon père, mourons !
PROMÉTHÉE
Pas encore.
PANDORE
Et après la mort ?
PROMÉTHÉE
Quand toutes choses… le désir et la joie et la douleur… se sont abîmées dans une orageuse jouissance, puis se sont apaisées et endormies dans la volupté… alors tu renais à la vie, tu renais avec toute la fraîcheur de la jeunesse, pour craindre, pour espérer, pour désirer encore.
GOETHE
L'arbre de l'humanité (conte Malgache)
"L'arbre trônait dans la plaine aride, non loin du village, depuis des temps immémoriaux. Les grands-pères et les grands-pères des grands-pères l'avaient toujours vu. On disait qu'il était aussi vieux que la Terre. On le savait magique. Des femmes trompées venaient le supplier de les venger, des hommes jaloux, en secret, cherchaient auprès de lui un remède à leur mal. Mais personne ne goûtait jamais à ses fruits magnifiques.
Pourquoi? Parce que la moitié d'entre eux était empoisonnée. Mais on ne savait laquelle : le tronc massif se séparait en deux grosses branches dont l'une portait la vie, l'autre la mort. On regardait mais on ne touchait pas.
Une année, un été chaud assécha la terre, un automne sec la craquela, un hiver glacial gela les graines déjà rabougries. La famine envahit bientôt le village. Miracle : seul sur la plaine, l'arbre demeura imperturbable. Aucun de ses fruits n'avait péri. Les villageois affamés se dirent qu'il leur fallait choisir entre le risque de tomber foudroyés, s'ils goûtaient aux merveilles dorées, et la certitude de mourir de faim s'ils n'y goûtaient pas.
Un homme dont le fils ne vivait plus qu'à peine osa soudain s'avancer. Sous la branche de droite il fit halte, cueillit un fruit, ferma les yeux, le croqua et... survécut. Alors tous les villageois l'imitèrent et se ruèrent sur les fruits sains de la branche droite.
Repus, ils considérèrent la branche gauche. Avec dégoût d'abord, puis haine. Ils regrettèrent la peur qu'ils avaient eue et décidèrent de se venger en la coupant au ras du tronc.
En 2 jours, l'arbre amputé de sa moitié empoisonnée noircit, se racornit et mourut sur pied, ainsi que ses fruits."
Pour une amie
Retour de vacances après Dean
On a volé la ravine Thomas !
Dean le cyclone, dans sa grande mansuétude a épargné la Guadeloupe... Enfin presque, car les cultures maraîchères et les bananiers ont quand même souffert.
Les bords de mer aussi ont souffert. La ravine Thomas possède une source (volcanique) d'eau très chaude qui se jette dans la mer. Le vrai bonheur, se baigner entre eau chaude et eau froide (enfin, à 28° l'eau froide !) en sirotant un ti-punch devant un magnifique coucher de soleil...
Mais, le cyclone est venu tout bouleverser en déversant des tonnes de caillasses, et voilà ce que nous avons retrouvé dimanche :
...Plus qu'un maigre filet d'eau chaude, et plus de bassin...
Que reste-t'il de nos amours ?
Ce soir le vent qui frappe à ma porte
Me parle des amours mortes
Devant le feu qui s' éteint
Ce soir c'est une chanson d' automne
Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains
Que reste-t-il de nos amours
Que reste-t-il de ces beaux jours
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux
Des mois d' avril, des rendez-vous
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse
Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi
Un petit village, un vieux clocher
Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage
De mon passé
Les mots les mots tendres qu'on murmure
Les caresses les plus pures
Les serments au fond des bois
Les fleurs qu'on retrouve dans un livre
Dont le parfum vous enivre
Se sont envolés pourquoi?